Longueur d’ondes : L’auto-production

Et re’soir, c’est encore icoste ! 

Voici une synthèse des notes que j’ai prises lors de la table ronde à laquelle ont participé Nau Preiss, Benoit Bories et Clément Touron. S’iels parlent beaucoup de leurs documentaires sonores auto-produits, leurs retours peuvent être largement repris pour des fictions sonores.

L’histoire de la diffusion d’Enfermé·es nulle part

Pour parler d’un parcours compliqué pour partager sa création, Nau nous a raconté le parcours d’obstacles qu’iels ont subi pour réaliser et diffuser Enfermé·es nulle part. Il s’agit d’un documentaire sur la vie des personnes en zone d’attente dans les aéroports.

Tout d’abord, iels ont essuyé de nombreux refus de la part de sociétés de production, puis iels ont décidé d’adapter le projet aux retours très durs qu’iels avaient reçus.

Avant de chercher un diffuseur national, il est crucial de savoir que Radio France ne diffuse que ce qu’iels produisent, contrairement à la RTBF belge et la RTS suisse. En France, le monde de la diffusion nationale leur a semblé très fermé.

Au fur et à mesure qu’iels réécrivaient leur projet, il a eu de plus en plus de blocages, jusqu’à ce qu’iels organisent des séances d’écoute publiques. Cela leur a permis d’obtenir leurs premiers soutiens et d’être enfin soutenu·es via des bourses d’écriture. Une fois cette étape franchie, des soutiens régionaux (la DRAC, par exemple) ont pu investir dans leur projet.

Ils ont finalement pu obtenir des retours critiques lors de séances d’écoutes publiques ou privées, et de l’aide des structures qui ont cru en leur projet (comme Euphonia), 3 ans et demi après le début du projet. Iels ont obtenu le prix Gulliver au deuxième essai, mais on leur a finalement refusé une diffusion nationale, à cause du format du documentaire : pour pouvoir entrer en contact avec les personnes en zone d’attente, iels ont appelé les cabines téléphoniques publiques qui étaient accessibles à ces personnes et enregistré ces discussions ; ce “format téléphonique” a fait peur aux sociétés de diffusion française. Finalement, grâce à la RTS, leur documentaire a été diffusé en Suisse, ainsi que sur des radios associatives.

Iels ont retenu que les prix et les bourses remportées ne leur ont pas ouvert les portes de la diffusion nationale, mais leur ont permis se faire écouter via des chemins différents.

Les leçons qu’iels ont retenues

Pour trouver des acteurs de la diffusion en tant qu’indépendant·e et/ou amateur·e, il est préférable d’éviter les radios nationales françaises ou les services de podcasting, et d’aller toquer à la porte de la RTS en Suisse (via l’émission Le labo), de la RTBF en Belgique (via l’émission Par Ouï-dire) et des radios associatives en France. Ce genre d’expérience est toujours positif.

Les radios locales sont le premier canal de diffusion de créations audio en France.

S’il n’y a pas de formule magique pour tous les projets, il est préférable de chercher avec qui travailler en amont et de réfléchir à la diffusion avant de se lancer dans la création. Cela permet d’éviter des blocages, pendant ou après la phase de production. Il est crucial de se renseigner sur les acteur·ices de la diffusion locale : si on peut rentrer dans des cases avantageuses en “altérant légèrement” le projet, on peut se faire aider par des acteur·ices locaux·les, pour rentrer dans des appels à projets locaux. Par exemple : “Grâce à votre structure d’association Loi 1901, vous rentrez dans le cadre de tels appels à projet”.

Il faut également se rappeler que le financement ≠ l’accompagnement.

Au-delà des radios associatives, il y a également tout un univers à contacter pour organiser des écoutes publiques : les médiathèques, les musées, les théâtres et/ou les cinémas, par exemple. Il ne faut surtout pas hésiter à aller vers les gens, et proposer des œuvres qui touchent leurs cordes sensibles.

En conclusion, voici une formation sur les documentaires qu’on m’a conseillée, à regarder pour celleux qui seraient intéressé·es par l’exercice : CREADOC, à l’université d’Angoulême.

C’est tout pour cet article ! Dans le prochain, je vous partagerai mes notes pour la table ronde La radio comme outil pédagogique !

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